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Par alsacobordelais le 12 Octobre 2010 à 19:52
L'histoire qui suit, bien que romancée, retrace quelques années d'une personne ayant réellement existé. Pour en faciliter la compréhension tout en préservant la vie privée des différents protagonistes je me suis autorisé l'utilisation du nom de certains personnages publics. Pour les autres, j'ai changé les noms mais toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé ne sera pas forcément une pure coïncidence.
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Par alsacobordelais le 13 Octobre 2010 à 00:33
Ce matin de décembre 2007, comme chaque jour, je me rendais au travail, les écouteurs de mon téléphone avec option mp3 dans les oreilles. Depuis plus d'un mois, au lieu d'écouter Renaud, Cali, Jean-Louis Aubert....ou plus rarement la radio qui ne diffusait que de la soupe, c'est Benoît Dorémus que je me passais en boucle, que ce soit le matin dans ma salle de bains, sur le trajet du travail ou le soir pour m'endormir. Il s'agissait d'un petit nouveau de la chanson française que très peu à part moi connaissaient encore, bien qu'il porta un nom prédestiné pour quelqu'un envisageant de faire carrière dans la musique. Il s'en était même amusé dans "Je viens du cirque" l'une des chansons de "Pas en parler" son premier album autoproduit enregistré en 2005, disant: "Mon patronyme c'est une gamme de do qui rime avec circus/Dans Dorémus, y'a un orchestre entier, du mime, un clown auguste qui a le virus....." une chanson qui donnait d'ailleurs une petite idée sur la qualité et la finesse de la plume du jeune auteur.
C'est grâce à mon idôle Renaud que j'ai découvert Bénito. J'ai découvert son nom pour la première fois sur la pochette de l'album "Rouge sang" version collector où il apparraissait comme auteur et compositeur de la chanson "Rien à te mettre". J'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'un vague musicien ami de Renaud auquel il avait fait appel ou qui lui avait proposé d'interprèter une chanson comme c'était déjà arrivé pour "Baston", "Soleil immonde" de Coluche ou "La chanson du loubard" de Muriel Huster la soeur de Francis Huster. Une chose est certaine, lorsque j'ai entendu "Rien à te mettre" pour la toute première fois, en Octobre 2006 donc, je me suis dit que le mec qui avait écrit la chanson était sacrément doué pour se mettre à la place de celui pour qui il écrivait la chanson, tant elle collait bien au personnage de Renaud. A une nuance près! Jamais Renaud n'avait mis autant de finesse, de subtilité dans ses vers. Et pourtant, c'était une putain de sacrée belle plume. Il était pas mon idole pour rien quand même! Et c'était pas seulement parce que je le considérais un peu comme mon père spirituel. A défaut de vrai père, on se raccroche au modèle masculin qu'on peut et il me semble que j'aurais pu tomber sur bien pire comme référence. Toujours est-il que je trouvais la plume de ce Dorémus encore plus subtile que la sienne, ce qui n'était pas peu dire. Si Brassens avait un jour dit à Renaud: "Je trouve vos chansons merveilleusement bien construites" ce n'était pas pour rien. Un tel compliment de celui qui restera à jamais la référence absolue, dont tous les auteurs de chansons à textes chercheront à se rapprocher du niveau qui était le sien sans jamais l'atteindre, ce n'était pas un mince compliment.
Ce n'est que plusieurs mois plus tard sur Myspace, que j'en ai appris davantage sur cet immense artiste qui était en train d'éclore.
J'ignore tout de la personne qui m'a envoyé un lien vers ce site dans ma boite mail mais je ne la remercierai jamais assez car elle a bouleversé ma vie. Je ne savais pas encore à ce moment, tout ce qui dans ma vie au cours des années suivantes découlerait de Myspace mais ce jour restera à jamais une date décisive dans ma vie à partir de laquelle des changements importants ont eu lieu.
Ca devait être un soir de décembre 2006, au cours duquel mon humeur était maussade comme tous les autres soirs depuis un an, période à laquelle j'avais divorcé, à part certains pendant ma période "Julie" où, à l'inverse, j'avais été à la limite de l'euphorie. Avec moi rien ne se fait jamais dans la demi mesure.
J'avais donc cliqué sur le lien et suivi toutes les étapes indiquées pour m'inscrire. Je me demandais bien qui pouvait être ce Tom qui avait tant d'amis. Au cours de l'été suivant, je serai hilare en entandant le duo Renan Luce-Alexis HK interpréter la chanson "Thanks for the add" au cours de laquelle ce pauvre Tom en prenait pour son grade. En attendant, je découvrais mon premiers site communautaire en dehors des sites de rencontre et j'avoue que mes premiers amis étaient tous des femmes habitant près de Bordeaux et agées de vingt-cinq à trente-cinq ans. Encore fallait-il trouver quelque chose à leur dire, ce qui n'était pas évident puisque il falait à mon sens trouver une autre approche que le mode séducteur des sites de rencontre. Or, je n'ai jamais été très doué pour lancer des sujets de conversation anodins avec les femmes car mes complexes me paralysent. Malgré tout, après une dizaine de jours, il y'en avait une avec laquelle un véritable dialogue semblait peu à peu se mettre en place, par mails interposés. Mais il fallait chaque fois patienter trois à quatre jours pour avoir une réponse. Entre temps j'avais reçu quelques invitations d'artistes qui voulaient tous me faire écouter leur son comme ils disaient. Mais je ne repérais rien de transcendant dans tout ça, jusqu'au jour où j'ai reçu une invitation du groupe "Evinrude". D'ailleurs je ne savais pas au départ qu'il s'agissait d'un groupe. J'ai longtemps pensé qu'il s'agissait du pseudonyme du chanteur. Pour la toute première fois j'ai eu un véritable coup de coeur artistique. Les textes étaient à la fois drôles et savoureux et les influences du chanteur, indiquée sur sa page de manière très humoristique, donnaient très envie de l'écouter un peu mieux. J'ai tellement apprécié que j'ai eu envie de faire un peu la promotion de cet artiste en écrivant un petit texte à son sujet que j'ai ensuite diffusé par "bulletin" puis mis en ligne sur le blog du site. Bien entendu le chanteur a grandement apprécié ce coup de pouce et m'a remercié par mails et commentaires mais également en me propulsant dans son "Top amis" lui qui en avait pourtant plus de trois-mille et non des moindres. J'étais fortement touché de cette reconnaissance. Bien entendu, je me suis mis à suivre régulièrement l'activité du groupe, j'ai mis une de leurs chansons en écoute sur mon profil et chaque fois que j'avais de nouveaux amis, je les incitais à aller écouter "Evinrude". Je renvoyais aussi quelques bulletins de temps à autres pour informer le plus largement possible sur l'actualité du groupe. La vie a continué à suivre son cours à peu près normalement pendant quelques mois. J'avais repéré une page de Renaud dont certains indices me faisaient penser qu'il pourrait s'agir de celle du chanteur mais la dernière connexion remontait à plusieurs mois. J'avais malgré tout lancé une invitation mais elle n'a jamais abouti. Deux-trois mois après "Evinrude", j'ai eu un nouveau coup de coeur pour un auteur-compositeur-interprète dont j'estimais qu'il avait énormément de talent. Il avait pour nom Jean PLEUREUR et chantait des chansons assez drôle et magnifiquement écrites un peu dans l'esprit de Renaud et Boby Lapointe. L'avatar sur sa page le représentait, tout habillé dans une baignoire avec sa guitare. Tout l'esprit du chanteur se trouvait dans cette image. Elle le représentait à merveille. Comme pour "Evinrude", j'ai ressenti le besoin de dire à tout le monde le plaisir que j'avais eu à découvrir Jean PLEUREUR et pour lui aussi j'ai publié bulletins et articles sur le blog. Bien entendu, lui aussi a beaucoup apprécié.
L'air de rien, Myspace était en train de redonner un sens à ma vie, moi qui quelques mois plus tôt, n'avait goût à rien, je réalisais par moments, ce que la musique et en particulier la chanson française pouvait me procurer comme joie de vivre. Moi qui jusqu'ici passais mes soirées sur des sites de rencontres, j'en ressentais parfois moins le besoin, préférant partir à la découverte de nouveaux artistes. Je n'étais pas guéri loin de là de mon addiction aux sites de rencontre mais je parvenais parfois à m'en détacher et ce n'était qu'un début.
Au printemps 2007, pour la première fois, je me suis déplacé pour voir un artiste que j'avais découvert sur Myspace. Je n'étais pas totalement convaincu par les chansons que j'avais entendues mais je trouvais intéressante la démarche d'aller voir sur de vraies scènes des artistes découverts sur Myspace. Cela faisait plusieurs fois que je recevais des propositions mais pas une seule jusqu'ici ne m'avait donné envie de me déplacer. Et puis il y'a eu Bernard Laurent, un rocker chantant en Français. Le lieu du concert était une petite salle de Bordeaux, dans l'une des rues adjacentes au quai Bacalan, le "Satin Doll". A ce qu'on disait il pouvait accueillir jusqu'à deux-cent personnes mais au lieu de ça nous étions tout au plus une trentaine, artistes compris, pourtant il y'avait cinq noms à l'affiche. Un score pittoyable! Je découvrais la dure réalité de la vie d'artistes indépendants. Bernard Laurent avait deux musiciens intermittents dans son groupe qui heureusement avaient accepté de jouer gratuitement ce soir là, sinon il aurait du les payer de sa poche. Cette soirée n'augurait en tous cas pas d'un très grand avenir pour le label que Bernard Laurent venait de créer avec les quatre autres têtes d'affiches du jour. A eux tous, ils avaient mobilisé en moyennne, un spectateur chacun.
A la fin de la soirée, je suis allé acheter un disque de Bernard Laurent à une belle blonde qui se trouvait à la table à côté de la mienne, plus par souci de faire une bonne action pour les artistes indépendants que par goût pour ses chansons.
La belle blonde s'appelait Vanessa. Je l'ai découvert le lendemain sur myspace, dans le top amis de Bernard Laurent. Je l'ai invitée en lui ajoutant un petit mot: "Bonjour! Je ne sais pas si tu te souviendras de moi. Je t'ai acheté un disque de Bernard Laurent à la fin du concert d'hier".
Elle m'a répondu à peine quelques minutes plus tard: "Comment pourrais-je avoir oublié la seule personne à qui j'ai vendu un disque hier soir?" Dans son top amis à elle, il y'avait un artiste que j'aimais tout particulièrement, Mark Knopfler, le légendaire guitariste de Dire Straits qui en 1977 s'était vu décerner le prix de meilleur guitariste du monde après la sortie de l'abum "Sultans of swing", titre d'une chanson devenue mythique pour ses solos de guitare extraordinaires.
Bien entendu, j'ai parlé de mon fanatisme pour cette icone et lui ai aussi parlé de quelques autres que j'aimais beaucoup comme Eric Clapton également pour la guitare et d'autres encore que j'admirais énormément sur la scène internationale comme Bod Dylan, Léonard Cohen, James Taylor, ....
Nous avons ainsi échangé plusieurs mails de suite à évoquer notre passion commune, nous échangeant des liens d'artistes découverts sur myspace dont nous étions convaincus qu'en fonction de nos goûts communs, ils plairaient forcément à l'autre.
Le lendemain de cet échange, j'ai eu l'immense surprise de recevoir un mail de Bernard Laurent dans lequel il m'expliquait que Vanessa lui avait parlé de ma passion pour la musique rock, que lui cherchait des gens pour le mettre en avant, cherchant notamment quelqu'un pour gérer sa page myspace à sa place, parce que pendant qu'il faisait ça il ne pouvait pas se consacrer à l'écriture et à la composition. Et mon côté passionné lui plaisait beaucoup. Comme j'avais acheté son disque, il était convaincu que j'adorais ses chansons, ce qui était loin d'être le cas.
Malgré tout, j'ai immédiatement accepté sa proposition t c'est ainsi que j'ai fait mon premier tout petit pas dans le monde de la musique. A ce moment là, je n'avais aucune idée précise en tête mais cette activité allait peut-être m'aider à occulter un peu plus facilement ma solitude toujours très pesante en ayant une activité extra-professionnelle qui me plaisait. C'est seulement en me parlant avec insistance de son label et de la façon dont il comptait s'en servir pour mettre sa carrière sur orbite alors que pour le moment il en était encore réduit à travailler dans l'éducation nationale, que des choses ont tout doucement commencé à se mettre en place dans mon esprit. En tous cas, j'ai vite compris que ce label qu'il avait créé n'avait qu'un seul but, l'aider lui à progresser. Quand vous passez votre première heure en compagnie de quelqu'un qui vous explique que son label est composé de quatre groupes dont le sien et que les leaders des trois autres ne participent en rien dans les soirées ou activités proposées par le label et qu'à ce titre ils ne peuvent pas prétendre en recevoir une aide quelconque alors qu'au contraire, lui, Bernard Laurent s'occupe de tout à chaque fois et passe son temps à se démener pour les autres mais que dans le même temps son discours est essentiellement basé sur le "Moi je", vous comprenez très vite que vous avez affaire à un pur individualiste, prêt à tout pour y arriver, y compris organiser des concerts pour une cause humanitaire en s'en faisant le porte drapeau, uniquement pour servir son image. (A suivre)
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Par alsacobordelais le 30 Octobre 2010 à 17:39
Je me suis bien vite rendu compte qu'avec Bernard Laurent, nous ne pourrions pas marcher longtemps main dans la main. Ses chansons ne me plaisaient qu'à moitié et à ce titre, j'étais incapable de les défendre. Par exemple, moi qui aimais bien écrire de petites chroniques sur les artistes que j'aimais bien, j'étais incapable de trouver la moindre phrase le concernant. Sa musique et ses textes ressemblaient à beaucoup de choses déjà entendues mais en beaucoup moins bien. Il ne possédait pas à mes yeux sa propre identité. Bien sûr, il était entouré de bons musiciens et lui même jouait pas mal de la guitare, ce qui donnait une allure très pro à l'ensemble mais il manquait de la profondeur de voix et les textes, très utopistes et pas très bien écrits, semblaient plus le reflet de ce qu'il était de bon ton d'écrire quand on fait du rock n'roll plutôt que celui du fond de sa pensée.
Lors de notre première rencontre, il m'a offert ses deux premiers albums. Je n'ai jamais pu les écouter en entier. Je trouvais les chansons lassantes. Pire! Le premier des deux, chronologiquement parlant, je ne l'ai jamais sorti de son emballage plastique.
Concernant le label, je ne croyais absolument pas à sa démarche même si je ne connaissais rien en musique. La qualité des groupes le composant était bien trop médiocre. Il était évident qu'aucun d'entre eux ne percerait jamais , y compris Bernard Laurent lui même. D'autre part, pour cinq groupes, il y'avait cinq styles de musique très différents les uns des autres. L'un proposait de la musique orientale, un autre de la variété italienne humoristique, un de la pop anglaise alors que le quatrième sur le même genre de musique chantait en français. Et le "maître fondateur" lui faisait du rock. Il me semblait, même en ne connaissant strictement rien à ce milieu que pour être crédible, un label se devait d'être représenté par des artistes crédibles. Et à mes yeux, un artiste pour être crédible doit être proche de l'excellence et surtout, sortir de l'ordinaire.
S'il y'avait une chose qu'il me semblait avoir à peu près bien compris, c'est que le rôle d'un label est de donner de la crédibilité aux artistes qui le composent par l'image qu'il a réussi à acquérir au fil du temps parce que tous ceux, en tous cas l'immense majorité de ceux qui en ont fait partie jusqu'ici, étaient reconnus comme référents dans leur spécialité. D'autre part, ll y'a tant de styles et de courants musicaux que pour être clairement identifié, un label à mes yeux, se devait d'être specialisé et de fait, celui de Bernard Laurent n'allait pas du tout dans ce sens. En discutant avec ce dernier, il ressortait de toute évidence que cette structure avaient été créée uniquement pour servir ses intérets personnels, parce qu'il espérait profiter de l'image qu'elle pourait lui donner si ce n'est qu'il n'avait pas compris les fondements même de ce dans quoi ils s'était lancé. A mes yeux, il s'agissait simplement d'un écran de fumée. Mais il semblait tellement motivé et croyant sincèrement en ce qu'il me racontait que je ne trouvais pas le courage de ne pas au moins essayer.
Je ne savais trop comment m'y prendre étant un total néophyte dans le monde de la musique. Lui n'était pas très inquiet. Il avait de quoi m'occuper largement et des tas de ficier à mettre à ma disposition. Fichiers de lieus à contacter pour y jouer, Listes de radios, fichiers mp3 de ses chansons, clips vidéos, documentation sur les contrats de la musique.....et bien d'autres choses encore.
(à suivre)
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