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Mon amour-haine du foot
Lyon va mal!!! Lyon va trèèèèèèèèèèsssssss mal!!!!! C'est la crise la plus profonde qu'on ait vue depuis 15 ans que l'ère Aulas a commencé. Les lyonnais sont reléguables à la dix-neuvième place du classement du championnat de France de ligue 1.
A la sortie du terrain après le match contre Saint-Etienne, tous les journalistes attendent, puis de nouveau à la sortie des vestiaires pour demander au président JM Aulas ce qu'il compte faire pour redresser la situation et surtout....va t'il se séparer de l'entraineur Claude Puel?
Bien entendu, le public n'est pas en reste qui siffle à qui mieux mieux et scande des "Puel démission" comme si un seul homme pouvait être responsable de tout ce qui ne va pas, y compris de la malchance et les erreurs d'arbitrage qui ont frappé ses joueurs ce soir là parce qu'en plus ils ont mieux joué que l'adversaire et auraient mérité de gagner. Peu importe la manière. Seule la victoire compte pour un amateur de foot primaire. Peu importe que ce soit sur un coup franc qui n'y était pas, sur un hors jeu de dix mètres ou en marquant de la main. Peu importe tout ça, du moment que l'hônneur est sauf!
Le pire c'est que j'ai moi même été supporter des Girondins de Bordeaux il y'a quelques années. Ce déshonneur, cette sensation d'humiliation en cas de défaite, surtout quand je vivais en région parisienne où les supporters de Bordeaux étaient loin d'être majoritaires, je les ai ressentis intensément. A l'inverse, quelle fièrté au lendemain des victoires, en particulier contre l'OM ou le PSG. Je pouvais aller au travail la tête haute, tout sourire et faire le fanfaron! J'étais alors intarissable sur l'entraineur, sur les joueurs, sur le passé historique du club....je savais tout par coeur concernant mon équipe fétiche. Mais déjà à l'époque, jamais je ne dénigrais l'adversaire, jamais je ne remettais en cause les choix des entraineurs qui se sont succédés au sein du club et faisaient tous ce qu'ils pouvaient avec les moyens financiers dont ils disposaient et donc des joueurs plus ou moins talentueux suivant les époques. J'ai connu la grande équipe d'Aimé Jacquet dans les années 80 qui remporta 3 titres de champions de France, 2 coupes de France et alla 2 fois en demi finale de coupe d'Europe....puis il y'a eu un grand scandale financier où la France entière a découvert qu'une grande partie des succes de l'époque avaient été acquis en trichant, en achetant les arbitres, en leur offrant les services de putes de luxe. On découvrait aussi que le président avait dépensé sans compter pour cèder à toutes les folies, couvert en cela par la ville de bordeaux qui devait une partie de son prestige à son équipe de foot locale. Ca valait bien quelques sacrifices de la part des contribuables non?
A la suite de ce scandale, Bordeaux fut relégué administrativement à l'étage inférieur, la deuxième division. Je me souviens d'avoir fait les deux déplacements à Strasbourg et à Bordeaux qui trustaient les deux premières places de ce championnat alors qu'elles étaient mes deux équipes favorites.
La remontée fut immédiate après quoi il y'eut une période de reconstruction du club qui en même temps se voulait le plus propre possible sur le plan financier après le scandale des années 89-90-91, ce qui limitait forcément la vitesse du redressement. Malgré cela Bordeaux se qualifia quelques fois pour la coupe d'Europe avec plusieurs entraineurs successifs. Dumas, Courbis, Muslin, Rohr, Stephan,....auquel Elie Baup succéda au cours de la saison 97-98 pour manque de résultats de son prédécesseur comme ce fut le cas pour Rohr après Muslin en 95-96....ce sont toujours les entraineurs qui trinquent. Courbis c'était différent! Il fut remplacé pour .........purger une peine de prison après une affaire pour laquelle on savait qu'il serait condamné avant qu'il ne vienne à bordeaux. Mais le jeune supporter que j'étais voulait bien fermer les yeux sur ce genre de choses comme tout le monde à Bordeaux, l'intérêt de l'équipe avant tout, peu importe si c'est au détriment de l'éthique et de la morale.
Sous Elie Baup, le miracle se produisit dès la deuxième saison, sa première saison complète. Bordeaux fut sacré champion de France l'année ou pour la première fois j'ai pris un abonnement au virage Sud, chose dont j'avais rêvé toute mon adolescence(Je suis arrivé pour vivre à Bordeaux en 1980, pile au début de la grande époque avant de partir vivre à Paris de 89 à 98, pile à la fin de cette même grande époque et pendant toute la période de vaches maigres, à croire que c'était ma présence à Bordeaux qui portait l'équipe vers les sommets). Après cette saison mythique où il y eut notament un cinglant 4-1 contre Marseille (4-0 après une demi-heure de Jeu) quelques jours après le décès de Claude Bez, président de la grande époque, Bordeaux ne réédita pas le même exploit mais se qualifia néanmoins chaque année pendant cinq ans pour l'une ou l'autre des coupes d'Europe, ce qui n'était plus arrivé depuis l'ère Jacquet. Pourtant, c'est impressionnant ce qu'Elie Baup fut critiqué, ses choix tactiques étant sans cesses remis en question par 25 à 30000 entraineurs du Dimanche convaincus d'avoir eux, la bonne solution.
Durant trois années consécutive, j'ai assisté à chaque match à leurs côtés, dans les tribunes, été comme hiver mais l'année où je n'ai pas repris ma carte, c'était un choix délibéré. Je ne comprennais plus qu'on puisse se mettre dans de tels états pour une équipe de foot dont il faut savoir accepter qu'elle puisse avoir des baisses de régime, chacune des équipes adverses faisant de son côté tout pour être également au sommet, il est normal que parfois d'autres soient meilleurs. Certes, il m'est arrivé à moi de ressentir un certain agacement à l'idée que certains joueurs étaient trop grassement payés par rapport à la qualité du travail fourni, certains ayant parfois une attitude nonchalante sur le terrain. En même temps, je n'ai jamais perdu de l'esprit qu'il ne s'agissait que de footballeurs, donc pas très futés par définition, qui de surcroit étaient souvent de très jeunes hommes et de ce fait de jeunes cons, passage obligé pour la plupart d'entre nous les hommes, plus ou moins entre 18 et 25 ans. Ils n'ont même pas conscience de ce que représentent les montagnes d'argent qu'ils gagnent, chaque mois certains d'entre eux perçoivent plusieurs dizaines d'années de salaire d'un smicard, plusieurs vies de travail d'un smicard pour les mieux payés.
J'ai oublié de parler de l'arbitrage. Là encore, 30000 paires d'yeux qui ont différents angles de vues voient forcément des choses qu'un seul homme ne peut pas voir même s'il est assisté de deux juges de touches. L'erreur est humaine mais aux yeux des supporters et même des dirigeants qui eux sont pourtant censés avoir un peu de plomb dans la cervelle, les enjeux sportifs et financiers sont bien trop importants pour qu'elle soit acceptable. Du coup, l'arbitrage devient responsable de tous les maux et une fois encore les journalistes font couler des tonnes et des tonnes d'encre, soulevant un débat monstre sur la vidéo alors qu'ils savent et disent tous que les décisions favorables et défavorables sur une saison, ça s'équilibre.
Et que dire des haines entre supporters de certains clubs que les dirigeants et principaux joueurs des clubs concernés s'amusent à attiser toute la semaine précédent les matches qui les opposent, obligeant ceux du club hôte à déployer des forces de police, parfois en faisant venir des renforts d'autres régions car pour un match entre le PSG et l'OM par exemple, il faut prévoir la présence de 1500 à 2000 policiers et gendarmes pour assurer la sécurité de ceux qui malgré la folie ambiante osent encore venir au stade avec leurs enfants.
Aujourd'hui, j'ai totalement réglé tout ces problèmes dont semble dépendre la vie ou au moins le bonheur d'un grand nombre de supporter. Hé les gars! Ce n'est que du foot! Que l'équipe gagne ou perde, ce n'est pas d'elle que doit dépendre notre bonheur ou non d'être sur terre. Il m'arrive encore aujourd'hui de regarder un match à la télé mais en aucun cas il n'influera sur mon humeur du jour. Je ne ressentirai pas la moindre frustration en cas de défaite, ni une joie débordante en cas de victoire. Et si je m'emmerde pendant le match il peut m'arriver de couper pour faire autre chose. Mais dans tous les cas, si j'ai le choix entre un match de foot et un concert, un ciné ou un resto avec une jolie fille, je n'hésiterai pas une seconde à renoncer au match.
Quand je pense que l'élimination au premier tour de la coupe du monde a été gérée au sommet de l'état, que des joueurs ont été reçus par le président de la république lui même qui a lui même demandé à la fédération française de foot que des sanctions exemplaires soient prises, je me demande dans quel monde on vit. Mr Sarkozy n'a t'il rien de plus important à faire que de s'inquiéter publiquement et aux frais du contribuable de la santé d'une équipe sportive quel que soit le sport concerné?
Je me souviens aussi qu'Aimé Jacquet fut bien souvent humilié, sali, trainé dans la boue par la presse, à commencer par "L'équipe" premier quotidien national de sport, qui proférait des attaques personnelles contre l'homme qu'il était dans le privé, mettant en cause ses capacités intellectuelles, l'accusant d'être "un paysan" issu d'un trou perdu à cause de son accent du Forez très prononcé. Quand on connait le palmares obtenu par Aimé Jacquet avec Bordeaux(3 titres de champions de France, 2 coupes de France, 2 finales de coupe d'Europe notamment celle des clubs champions) personne n'était plus compétent que lui pour conduire l'équipe de France au succes obtenu lors de la coupe du monde 1998, même si parfois ce fut laborieux lors des matches amicaux sans enjeu qui ont précédé, son refus de pardonner ceux qui avaient écrit des choses terribles à son sujet quelques mois plus tôt et l'avaient atteint au plus profond de lui même.
Pour en revenir aux difficultés lyonnaises du moment, il n'y a que le foot pour susciter à ce point la passion des foules. Une heure après le match d'hier soir, toute une tribune était encore pleine face au président Aulas qui, seul contre tous, s'évertuait à expliquer qu'il attendrait au moins fin octobre pour prendre une décision.
Il y'a deux ans, pour la retransmission du dernier match de championnat à Bordeaux, il y'avait 80000 personnes places des quinconces. Jamais autant de monde n'avait manifesté sa joie depuis la libération en 1944. J'ai cru rêver en entendant cette information et tenté de formuler la chose autrement(parce qu'ils avaient déjà dit la même chose après la finale de la coupe du monde en 98 au sujet de l'affluence sur les champs Elysée). Faudrait-il qu'il y'a une guerre aujourd'hui pour réussir à générer un élan populaire aussi massif que lors de la célébration d'un titre de champion de France ou d'une victoire en coupe du monde de football? Mais alors les patrons ont de beaux jours devant eux parce que c'est pas une petite réforme des retraites, quelques plans massifs de licenciement ou la délocalisation de nos entreprises qui feront bouger les foules. Pas étonnant que Sarkosy prenne la peine de recevoir Henry à l'Elysée alors qu'il n'a même pas daigné s'exprimer aux soirs des manifs des 7 et 23 septembre derniers.
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