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J'apprends le métier(2ème partie)
Mais avant cette rupture qui m'a permis d'oser plus de choses au début, une sacrée tempête s'est produite sous mon crâne. Comme je le dis à la fin de la première partie, toute une année s'est écoulée entre la prise de conscience et le passage aux actes. L'écoute de cette chanson a certes été une gifle monumentale mais pendant de nombreux mois, elle n'a fait que m'aider à m'enfoncer un peu plus dans l'état dépressif qui était le mien depuis déjà deux ans. Certes, la vie idéale telle que je l'imaginais ressemblait à celle que décrivait Benoît Dorémus dans sa chanson mais je n'avais pas ses superbes dispositions pour l'écriture. Certes, je tenais un blog sur lequel pas mal de lecteurs me disaient que j'écrivais bien. Mais par rapport à qui me jugeaient ils? Si c'était par rapport à quatre-vingt pour cent ou peut-être plus de gens qui s'essaient à l'écriture sur des blogs, il est évident que j'avais un niveau plutôt correct. Cependant, chaque fois que je tombais sur des textes vraiment bien écrits, mon moral baissait de quelques crans parce que je réalisais le fossé qui existait entre ceux-là et ce que moi j'étais capable de faire. En même temps, il me semblait que là où réside la difficulté la plus importante dans l'écriture, c'est d'avoir la capacité d'inventer des histoires mais aussi, comme ces histoires sont souvent tirées de notre propre réalité, il faut d'abord avoir défait tous ces noeuds dans notre cerveau qui nous rendent la vie impossible. Je me disais donc que j'y arriverai forcément mieux après quelques années de thérapie. Après tout, D.A., un petit romancier dont les ventes de ses deux premiers polars se limitaient à quelques milliers, prétendait que j'écrivais bien alors que lui à mes yeux, écrivait divinement bien. C'est aussi une des raisons pour lesquelles je n'ai pas gardé le contact avec cet individu, le soupçonnant de me prendre pour ce genre de personne que certains bobos se plaisent à amener avec eux dans ce qu'on appelle des "Diners de cons".
Il me déstabilisait réellement. Je ne pouvais pas le croire même si de nombreuses personnes avant lui avaient abondé dans son sens en me disant que personne n'aime ce qu'il écrit, qu'on est toujours le critique le plus dur envers soi même. Moi quand je me relisais, j'avais la certitude absolue de ne pas avoir le niveau pour écrire un livre, même si je possédais la matière pour en faire plusieurs.
Dans le même temps, au travail, je trainais ma déprime, m'isolant de plus en plus. Peut-être avais-je une opinion trop élevée de moi même, je ne sais pas mais il n'y avait personne avec qui je puisse partager les sujets de conversations qui me préoccupaient. De leur côté, ils m'auraient trouvé trop égocentrique car je l'étais réellement. J'étais trop angoissé par le fait de me demander comment faire pour ne plus être aussi malheureux, par mes difficultés relationnelles avec ma mère, par mes difficultés à comprendre comment la façon dont j'avais été éduqué avait pu m'amener à être cet individu aussi peu sûr de lui, doutant de lui même au plus haut point, ayant peur des autres et principalement des femmes, convaincu de ne pas leur plaire et plus encore d'être la risée de beaucoup d'entre elles.(à suivre)
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